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Ezra

Avant ma naissance, on réfléchit beaucoup à mon prénom. On me portait beaucoup d'attention, on parlait souvent de moi. Je n'étais pas voulu. On souhaitait avoir un bébé, oui, mais pas moi. Enfin, on me trouva un nom, masculin, qu'un homme porte mieux qu'une femme : Ezra.

Quand j'étais enfant, je ne pouvais pas porter de robe. Ni de jupe. Ni de short. Je ne portais jamais de débardeurs. Jamais je n'avais de chaussures roses à paillettes que les petites adorent porter pour jouer à la princesse. 

Mes cheveux étaient toujours coupés courts par ma mère. Jamais je n'ai porté de couettes, de queue de cheval, de nattes. Je voyais des petites filles s'échanger leur toutes nouvelles barrettes rose, jaune, argenté, avec des motifs, des nœuds ou des coccinelles accrochées dessus.

Je n'avais pas de jouet. Pas de livres de contes pour petites filles. Je n'avais pas de chambre claire, rose, grande, avec un lit pour moi, des jouets et des peluches. J'avais un sommier, un matelas, et des livres vieux comme le monde cachés dans ma commode.

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Lorsque j'étais adolescente, on m'a inscrite à la boxe. J'aurai aimé la danse. La patinage. La course. Mais "la boxe est un sport viril" me disait mon père. Plus tard, on m'a retiré des cours de ce sport que j'avais fini par apprécier : en aucun cas on ne devait me faire plaisir.

Je portais des jeans. Souvent trop larges, trop grands et troués. Des gros pulls appartenant à mes grands-parents. Je n'avais qu'une paire de basket. 

J'étais une bonne élève. J'excellais dans toutes les matières, mais ma passion me poussait à dépasser mes limites en littérature. J'aurais pu rendre fière mes parents. J'aurais pu, si je n'avais pas été une femme.

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Quand je suis devenu une jeune femme, mes parents ne me regardaient plus. Je travaillais ici et là, gagnait de l'argent et changeais ma garde-robe : les short, les jupes et les robes faisaient désormais partie de mes tenues vestimentaires.

Lors de mes premières règles, signe de ma féminité, on me frappa. "T'es fière de saigner ? Je vais te faire saigner moi !" criaient-il. Ils ne voulaient pas me tuer. Ils voulaient simplement me rendre malheureuse comme moi j'ai pu les rendre malheureux en étant une fille.

Lorsque je leur ai présenté mon premier petit ami, on m'a crié dessus. Le jeune homme est parti, venant de se rendre compte dans quoi il s'était lancé. En apprenant la perte de ma virginité, mes parents sont devenus fou de rages. Pas parce que j'avais dix-sept ans mais parce qu'il ne fallait surtout pas que je prenne le risque de leur faire un petit-enfant. Encore une fois, non pas parce que j'avais dix-sept ans mais parce que je ne devais simplement pas me reproduire.

Dans les mois qui précédèrent mon obtention du baccalauréat, mon père me rejoignit la nuit. Il me montrait ce qu'une femme devait faire pour faire plaisir à un homme. Ce qu'elle devait faire, lui faire, pour le garder et le remercier.

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Quand le jour de ma majorité arriva, je parti. Personne n'était triste. Seul mon petit frère semblait me regretter. Je revois encore ses yeux embués de larmes, son sourire triste quand il me souhaita de vivre heureux et sa grimace quand ma mère le pinça par la suite. Je revois le sourire heureux de mes parents sur leur visage quand je trainais ma valise jusqu'au taxi. Jamais je ne les avait vu aussi heureux en me regardant.

Et jamais je ne me sentis aussi heureuse de toute ma vie : je partais enfin. 

Elle est belle. Simple. Naturelle. Attentionnée. Compréhensive. Mais surtout elle est féminine.

Cela n'a pas toujours été le cas pourtant. Durant son enfance cette belle blonde était traitée comme un petit garçon. Les cheveux courts, des vêtements de garçon, un prénom masculin... Ezra n'avait rien d'une petite fille. Seulement ses grands yeux verts et ses longs cils lui donnaient un air de petite fille. 

Mais peu à peu la blonde s'est affirmée face à ses parents. Elle voulait être femme. Être belle. Plaire. Elle voulait avoir la vie d'une vraie femme. Elle souhaitait mettre sa féminité en avant. Se mettre en valeur. Et surtout, ne plus laisser personne lui dicter sa conduite. 

 

A présent, Ezra est une belle femme, indépendante qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.

Elle sait se faire écouter, se faire entendre. Elle sait s'affirmer et n'a pas honte de s'exprimer. Elle sait mettre son corps et ses formes en valeur. Elle sait se jouer des gens. Et pourtant elle reste aussi une femme timide, renfermée qui garde ses sentiments pour elle. Elle aime écouter les gens, les conseiller et les aider, mais le contraire ne lui convient pas. Elle a apprit à garder ses ressentis et ses émotions pour elle. Et c'est pour cette simple est bonne raison, que désormais, elle est une vraie battante. 

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                                 Desormais âgée de vingt-six ans, la jeune femme exerce le métier de professeur de littérature dans un lycée, permettant ainsi de transmettre sa passion aux différents élèves qu'elle croise chaque année. Elle est une jeune femme pétillante, pleine de joie et de gaïté. Son plus gros défaut, toute fois, peut lui porter préjudice. A ne plus vouloir se laisser avoir, Ezra peut devenir une femme froide, renfermée et peut rapidement s'énerver pour X raison. Son but premier à présent est de se préserver et de profiter de la vie qu'on lui a volé pendant ses premières dix-huit années de vie.

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                              Suite à son enfance désastreuse laisse à penser qu'il sera impossible pour la jolie blonde de se construire sa propre famille. Elle n'a pas eu une assez bonne éducation pour savoir comment s'occuper d'un enfant, elle n'a pas reçu assez d'amour pour pouvoir aimer en retour... Pourtant son voeux le plus cher reste de fonder sa propre famille. Famille qu'elle souhaite former depuis son plus tendre âge. Cependant, la jeune professeure rencontre beaucoup de difficulter à s'engager. Elle aime séduire, elle aime plaire, elle aime s'amuser avec les hommes ne serait-ce qu'une nuit, mais au moment de s'engager, elle prend peur et fuit.

 

                            Malgré tout cette jolie jeune femme reste une belle personne, abordable qui ne demande qu'une chose ; trouver un équilibre qui puisse lui permettre de vivre une vie heureuse. 

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