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 Jessica. Elle n'est pas la plus jolie fille que vous verrez dans votre vie. Ses longs cheveux abîmés, son teint pâle et son corps qui semble si frêle, laissent les gens indifférents. Et pourtant elle attire les regards, à son grand malheur. La jeune femme, de vingt deux ans, aimerait passer encore plus inaperçue. Mais comment faire ? Il y a toujours ces rumeurs, ces qu'en dira-t-on, qui font que lorsqu'elle passe quelque part, tous les regards se tournent vers elle. Une fois c'est une hors la loi, une autre fois une prostitué, ou alors une accro la cocaïne. Pourtant personne ne sait vraiment ce qu'il se passe chez elle. Quand vint l'heure de quitter l'université, contrairement aux autres, Jessica rentre aux côtés de son père. Elle n'a pas d'appartement à elle, ne vit pas dans l'université. Non, chez son père. Et celui-ci fera tout pour que ça dure. Qui pourrait assouvir ses désirs si elle partait ? Alors elle reste. Chaque soirs elle rentre chez elle, tête basse, ne sachant pas si elle ressortira vivante de cet affreux appartement ou non. Si elle finira par succomber aux multiples coups qu'elle reçoit depuis des années. Si elle arrivera à dire non un jour, quand son père glissera une main le long de sa cuisse. Peut-être qu'elle y parviendra. Peut-être que non.

 

Ce qui me gêne ce ne sont pas les "on dit". Ni même les chuchotement qui se créent quand je passe près de mes camarade de classe. Ce ne sont pas les choses qu'on raconte sur moi qui me gêne. Ni les moqueries. Ou la solitude. 

Ce qui me gêne le plus, c'est que quoi qu'on dise sur moi, tout le monde en ris, que ce soit vrai ou faux. Que je sois une dealeuse, une prostituée ou une tueuse, tous rient à pleins poumons. Et c’est ce qui m’exaspère le plus. Ils ne savent pas de quoi ils parlent. Et tous les faits rires. Ils se moquent de tout. Ils vivent dans une bulle dans laquelle aucuns malheurs n’existent et où on peut rire de celui des autres. Se rassurer sur notre propre situation grâce à la détresse des autres.

Je vis, nous vivons, dans un monde où la violence, le viol, le meurtre, l’illégalité sont banalisées. Elle n’inquiète plus personne. Car personne ne voit plus loin que le bout de son nez. Chacun vit pour soit. On se protège des choses qu’on ne vit pas. On se persuade que tout va bien, que rien ne peut nous arriver. On vit dans un rêve un peu flou où tout est ambigue.

Ce qui m’énerve le plus, c’est que personne n’ouvre les yeux. Personne n’essaie de se demander ce qui est vrai et ce qui est faux dans ce qui se dit sur moi. Personne ne prend les rumeurs au sérieux. Personne ne se pose de questions concrètent. Personne ne se dit que j’ai besoin d’aide. Si je suis une tueuse on rit. Si je suis une prostituée on rit. Si je suis une dealeuse on rit. Si je me fais violer par mon père, on rit.

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Seule moi pleure.

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